Critique – Mon Holocauste – Tova Reich

Critique – Mon Holocauste – Tova Reich


Dans la famille Messer, le massacre des six millions de Juifs par l’Allemagne nazie a donné lieu à un sacré business.

Alors que le père, Maurice, grâce à son aura de déporté, préside le musée de l’Holocauste, Norman, le fils, délivre des brevets éponymes à des causes aussi diverses et variées que celles des Palestiniens, des Tibétains, des mormons, des noirs américains… Eux aussi ont souffert et continuent de souffrir.

Il n’en reste pas moins que le vrai et le pur Holocauste est bien celui des Juifs !

Pour faire marcher leurs affaires, les Messer n’hésitent pas à organiser des voyages pour VIP à Auschwitz. C’est à cette occasion qu’une généreuse donatrice confond un tas de cheveux avec une « espèce d’installation artistique » !

C’est certainement ce genre de réflexion qui a scandalisé certains Américains au moment de la publication de ce livre en 2007. D’autant plus que quelques négationnistes l’auraient apprécié. Sauf qu’ils n’ont rien compris. Dans « Mon Holocauste », Tova Reich, fille de rabbin, ne remet pas en cause la véracité de la Shoah mais, sous la forme de la satire, l’instrumentalisation indécente qui en a été faite. Et chacun en prend pour son grade : ceux qui agitent leurs diplômes de survivants et de descendants de rescapés pour agir en toute impunité, ceux qui visitent en voyeurs, chewing-gum dans la bouche et téléphone portable à l’oreille, les camps de la mort, ceux qui veulent leur part d’Holocauste en maniant, entre autres, des concepts religieux délirants.

Les morts auraient bien besoin d’un peu de silence respectueux. Le silence, ce n’est manifestement pas ce qui préoccupe les protagonistes de ce roman réjouissant par la pertinence de son propos, par son humour noir qui peut déranger, par ses bavardages (trop ?) débridés sur l’universalité ou non de l’Holocauste.

Dommage que les répétitions nuisent à la clarté de la démonstration.

EXTRAITS

  • « ils iraient tous dans ce petit centre commercial bien pratique qu’un promoteur polonais prévenant avait eu l’idée de construire à un jet de pierre de ce parc à thème mortifère, pour apporter un peu de normalité à cette misérable ville touristique dont l’unique attraction était le massacre de masse. » (p. 81).
  • « On n’entendait jamais que ça – Juifs, Juifs, Juifs. Les Chinois, qui étaient plus d’un milliard, devaient être sidérés quand ils découvraient un beau jour qu’il y avait somme toute si peu de Juifs sur terre, vu le bruit et les problèmes qu’ils causaient et les tonnes de bla-bla qu’ils généraient. » (p. 191).
  • inscrit sur le livre d’or du Musée de l’Holocauste : « J’ai beaucoup aimé, merci d’avoir rendu l’Holocauste possible. » (p. 260).
  • « Souvenez-vous, en matière d’Holocauste, un rat de laboratoire est l’égal d’un poulet gavé qui est l’égal d’une baleine en voie d’extinction qui est l’égale de votre grand-mère. Frères et sœurs, reprenez votre Holocauste ! » (p. 264).
  • « L’Holocauste juif est plus grand que vous et moi. C’est le super Holocauste, l’extermination systématique du peuple juif par la nation la plus civilisée et avancée du monde simplement parce qu’il a commis le « crime » d’exister – c’est la définition scientifique. » (p. 175).

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