Critique – Limonov – Emmanuel Carrère
Emmanuel Carrère a souvent mêlé dans ses romans la fiction et la réalité. Dans « L’adversaire », il s’attaquait par exemple à l’énigme Jean-Claude Romand, ce mythomane qui assassina toute sa famille. Dans « Un roman russe », il revenait sur le passé collaborationniste de son grand-père tout en mettant en scène sa relation amoureuse.
Enfin, dans « D’autres vies que la mienne », il raconte, entre autres, l’histoire de sa belle-soeur atteinte d’un cancer. Pour une fois, il mettait entre parenthèses une œuvre un brin narcissique pour s’intéresser à la vie des autres (d’où le titre).
Et là, il s’est emparé d’un morceau de choix. Limonov, impossible de le définir en quelques mots tant sa personnalité et son parcours sont complexes et atypiques.
Il aura par ailleurs fallu près de 500 pages pour camper cet homme, écrivain, amoureux de son pays, toujours opposé au pouvoir en place, défenseur des causes perdues… Peu sympathique, à l’image d’un pays dont on ne rêverait pas forcément comme destination touristique (quoique), Limonov est un personnage à la puissance romanesque. A la fois héros et anti-héros, tendre et violent, ne serait-il pas l’incarnation de cette fameuse âme slave ?
Portrait passionnant d’un homme, « Limonov » nous dépeint aussi près de cinquante années d’histoire de l’URSS et de la Russie.
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