Critique – Des hommes – Laurent Mauvignier
Feu-de-Bois (ainsi le surnomme-t-on à cause de l’odeur de cheminée qu’il dégage) est un être abject, sale, méchant et pauvre. Il étonne tout le monde lorsqu’il offre un bijou à sa soeur pour son soixantième anniversaire alors qu’il n’est même pas invité. Tout le village, convié pour l’occasion, s’étonne de ce geste généreux, non seulement parce que la gentillesse n’est pas la qualité principale de Feu-de-Bois mais aussi parce qu’il n’est pas censé avoir de l’argent. Dans la foulée, le frère commet un acte odieux contre une famille maghrébine installée dans le village.
C’est alors que l’on revient en arrière : dans les années 50 en Algérie (le mot n’apparaît qu’à la page 87). Toujours par la voix de Rabut, le cousin de Feu-de Bois qui se prénommait Bernard à l’époque, sont décrits les « événements » (on ne parlait pas de guerre) vécus par ceux que l’on a envoyé défendre la présence française. A l’instar de « Voyage au bout de la nuit » qui racontait les atrocités de la « der des der » pour dénoncer tous les conflits, Laurent Mauvignier nous parle de ces individus embarqués dans les horreurs de l’Histoire. Le style un peu tâtonnant, traînant, est magnifique. Avec une rare émotion, il nous fait passer un message essentiel : ne jugeons pas (« La guerre c’est toujours des salauds qui la font à des types bien ; là il n’y en avait pas, c’était des hommes, c’est tout »).
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