Critique – Consumés – David Cronenberg – Gallimard

Critique – Consumés – David Cronenberg – Gallimard


De David Cronenberg, on connaît une filmographie où les thèmes du corps, de la maladie, de la mort et de la technologie sont développés sous un angle souvent fantastique.

Dans ce premier roman, il réinvestit ses obsessions pour nous livrer un étranger objet littéraire qui m’a laissée perplexe.

Le pitch est le suivant : Naomi et Nathan, amants par intermittence, sont photojournalistes. Prêts à tout pour décrocher un scoop, y compris coucher avec leurs « objets » d’étude, ils enquêtent sur deux affaires différentes en apparence et qui finiront par se rejoindre. Naomi s’intéresse à un sordide fait divers. Célestine, la soixantaine bien avancée, est retrouvée morte dans son appartement parisien. Son corps est mutilé et en partie dévoré. Le principal suspect est Aristide, son mari, lui aussi philosophe.

De son côté, Nathan se penche sur le cas du docteur Molnar, un chirurgien suspecté de trafic d’organes.

La première grosse moitié du livre, soit un peu plus de 200 pages sur 372, m’a un peu agacée avec son incessant « name dropping » technologique et ses allers et retours épuisants entre les deux protagonistes hyper connectés. Fatigantes sont aussi les référence pseudo philosophiques, sortes de caution à un intellectualisme branché que semble revendiquer l’auteur.

La seconde partie, tout aussi malsaine et mortifère (mais ce n’est pas une critique), est en revanche plus captivante lorsqu’elle s’interroge sur un sujet relativement original : la sexualité du troisième âge et le vieillissement du couple. « La transformation de nos corps s’inscrivait dans une synchronie rigoureuse… » peut-on lire.

On apprend aussi des choses relativement méconnues sur la guerre entomologique que le Japon a menée contre la Chine pendant la seconde guerre mondiale et sur les boutiques BuruSera qui commercialisent des petites culottes pas très propres…

Bref, « Consumés » est un roman parfois laborieux et souvent agaçant mais il bouscule le lecteur dans ses certitudes et c’est déjà beaucoup !

EXTRAITS

  • (…) la passion des marques était une glu émotionnelle pour les couples obnubilés par la technologie.
  • (…) ne pas être photographié de manière quotidienne, même par soi-même, ne pas être enregistré ni filmé pour être dispersé dans les vents turbulents du Net, c’était s’exposer à la non-existence
  • Dans cette direction, elle aperçut l’enseigne d’un magasin d’objets électroniques, et, ses sacs fermement en main, elle plongea pour se diriger vers cette oasis.
  • Nikon, c’était notre truc de défiance consumériste, pas Sony, pas Canon, le symbole de notre professionnalisme, notre technologie sexuelle partagée.
  • Mais nous nous sommes également aperçus qu’on avait besoin d’Internet pour comprendre la condition humaine fondamentale

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