Critique – Adèle et moi – Julie Wolkenstein
A la mort de son père qui évitait de parler de ses ancêtres, la narratrice trouve, en rangeant ses papiers, des documents concernant son arrière-grand-mère. Surgit alors dans son esprit l’idée d’écrire sur cette femme née en 1860 et décédée pendant le second conflit mondial. En faisant de sa bisaïeule un personnage de roman, elle la sublime (« les gens que je ne connais pas, surtout s’ils sont morts, me sont cent fois plus étrangers, même s’ils me sont apparentés, que les personnages de romans » dit-elle).
Née dans une famille de la bourgeoisie parisienne, même si on apprendra par la suite qu’elle ne respecte pas vraiment les règles morales propres à sa classe, Adèle voit donc le jour alors que le second Empire est à son apogée. Au plus fort de la guerre qui opposa la France à l’Allemagne en 1870, le père de notre héroïne, afin de la protéger, l’envoie à Saint-Pair, une paisible bourgade située au bord de la Manche à quelques encablures de Granville. La découverte de la mer la marquera à jamais et, elle ne cessera, toute sa longue de vie, de s’y rendre chaque été.
Elle y emmènera son mari, le cher Charles (lire la page 223 et suivante d’une sensualité rare), et ses quatre enfants dont trois mourront avant elle.
Qu’est-ce qui m’a plu dans ce roman de près de 600 pages ? Difficile à expliquer. Ce portrait d’une femme forte, indépendante et capable de piquer des colères mémorables m’a touchée. D’autant plus qu’un secret, découvert tardivement, pèse sur ses origines, expliquant en partie qu’elle se sent souvent étrangère à son milieu. La narratrice, qui a de nombreux points communs avec Adèle, en particulier son amour pour ce bout de côte sauvage, m’a aussi émue, entêtée qu’elle est à dresser un tombeau à son aînée.
Délicat, élégant, poétique, fin, « Adèle et moi » est un grand roman.
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