Critique – Bled – Tierno Monénembo – Seuil

Critique – Bled – Tierno Monénembo – Seuil


Algérie, années 1980. La jolie Zoubida fuit, son enfant sous le bras. Elle a commis l’irréparable : fauter avec un bon gaulois et donner naissance à un bâtard.

Répudiée par les habitants de Aïn Guesma, « une ville désemparée, une ville amère », elle suit un parcours semé d’embûches. Une vingtaine d’années après l’indépendance du pays, les « barbus » pointent le bout de leur nez et commencent à régenter la vie du pays et les premières victimes sont les femmes comme toujours.

Tout au long de sa courte existence Zubida fera des rencontres décisives qui la feront entrer dans l’âge adulte  : Salma, la libérée de Bourgoin-Jallieu, Alfred, le meilleur ami camerounais de Papa Hassan, et même Loïc, le Breton athée qui l’a déflorée. Sans oublier un personnage essentiel qui n’apparaît qu’à la fin.

Conte moderne et initiatique plein d’humour où dialogues crus et langage poétique se mélangent avec bonheur, « Bled » est le récit d’une jeune femme qui, dans un pays où les traditions sont pesantes, s’émancipe grâce aux épreuves qu’elle traverse et qui la font avancer. « Bled » est encore une fois de plus la preuve que de la France (« Le terroriste noir ») à Cuba (Les coqs cubains chantent à minuit »), la puissance romanesque du Guinéen Tierno Monénembo est intacte.

EXTRAITS

  • Chez les cathos, la messe du dimanche, les repas du soir, sous l’œil du Christ grisâtre accroché au mur… les colères du colonel, le teint cadavérique de Catherine. Chez les muslims, la barbe, la circoncision, la conversation obligatoire, la théorie des interdits… le couscous tristement avalé en groupe après la prière du vendredi.
  • Il est temps, dit-il de réconcilier les différents organes de notre corps : notre sang arabe, nos veines berbères, notre langue française, nos lèvres de nègre, notre front de Turc, notre pif de Juif…

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