Critique – Bravo – Régis Jauffret
La flamboyance et la justesse de son écriture font qu’on peut tout accepter de Régis Jauffret. Le meilleur comme le pire.
Car les seize textes qui composent « Bravo » sont pour le moins inégaux. De Gaulle disait, reprenant une formule de Chateaubriand, que « la vieillesse est un naufrage ». Elle est surtout une décadence cruelle qui s’autorise à exprimer toute la méchanceté que la nature humaine renferme. On pourrait dire : on ne naît pas vieux, on le devient en accumulant toutes les frustrations de la vie. Ce livre nous en dit aussi beaucoup sur les relations parents-enfants, notre progéniture étant le miroir parlant de notre déchéance. Avec son humour noir jubilatoire, une avalanche de vacheries, un peu de tendresse et de poésie, l’un des mauvais garçons de la littérature française livre de petits bijoux tels que « L’infini bocage », « L’amour d’une mère », « Une déferlante de haine » ou encore « La fable du hongre ».
EXTRAITS
- « Le charnier de la mémoire. Toutes ces années qui n’existent plus et vous élancent comme une jambe coupée. » (p. 20).
- « Je me suis dit que malgré tout les vieux étaient plus vivants que les morts. Ce n’était pas une revanche, mais on est parfois si désespéré. Une phrase idiote vous réjouit. » (p. 45).
- « Nous avons tellement ri que ma femme a subi une quinte de toux et moi une petite crise de tachycardie. » (p. 145).
- « Un vieillard chauve aux rares poils blancs, aux hanches grasses, à la démarche lente et molle. Ce physique d’eunuque des andropausés. » (p. 160).
- « Si on ne se moquait pas des autres on ne rirait pas souvent. » (p. 214).
- « Che Guevara qui n’aura eu pour descendance que des tee-shirts. » (p. 232).
- « Avec mon pénis épais comme un auriculaire, je n’avais pas pu lui faire grand mal. Les enfants pleurent au moindre bobo » (p. 256).
Vous devez être connecté(e) pour rédiger un commentaire.
+ There are no comments
Add yours