Critique – Danser les ombres – Laurent Gaudé

Critique – Danser les ombres – Laurent Gaudé


Lucine arrive à Port-au-Prince pour annoncer au père de l’enfant de sa sœur le décès de cette dernière. Venue de Jacmel, elle est ravie de retrouver la capitale et les souvenirs de sa vie d’étudiante et de militante politique.

Hébergée dans un ancien lupanar, elle découvre des personnages hauts en couleur qui lui offrent leur amitié et, pour un certain Saul, leur amour.

Mais le séisme du 12 janvier 2010 va bouleverser ce bonheur enfin atteint.

Roman humaniste où les morts marchent aux côtés des vivants dans une ultime pirouette contre la fatalité, où les esprits vaudous font partie du quotidien de ces êtres brisés confrontés au destin, où la fraternité est un moyen de survie, où les anciens tortionnaires cherchent la rédemption, « Danser les ombres » est un joli livre au style lyrique où les hommes désincarnés sont les archétypes d’une société qui hésite sans cesse entre la la guerre et la paix.

EXTRAITS

  • « Dans les rues de Port-au-Prince, partout, on aligne les morts le long des trottoirs. Eux, ici ; ils veulent aligner des vivants, de toute leur force, en sortir le plus possible, pour qu’il soit des rues, dans cette ville tremblée, où les cris de joie sont plus forts que les pleurs, et où les hommes, face à la colère des sols, peuvent se dire à eux-mêmes que malgré leur petitesse, malgré leur fragilité, ils ont gagné. » (p. 156).
  • « Haïti est là. Le sourire d’Haïti. Celui qui n’a rien à offrir qu’un peu d’eau et l’hospitalité d’une chaise. »
  • « Dans une société de la survie permanente et de l’exploitation éhontée, la recherche du bonheur est un acte politique. » (p. 63).

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