Critique – Éden utopie – Fabrice Humbert
Dans le magnifique « L’origine de la violence », Fabrice Humbert s’était attaché à révéler les secrets de sa famille paternelle. Avec « Éden utopie », il s’intéresse à la lignée maternelle.
Madeleine, la grand-mère de l’auteur, et Sarah, sont cousines. L’une épouse un pauvre qui la frappera tout en lui donnant trois enfants, l’autre fait une bonne alliance. En lecteur assidu de Zola, Fabrice Humbert propose une version revisitée des Rougon-Macquart où les nécessiteux s’enrichissent et où les nantis se prolétarisent.
Mais « Éden utopie » est surtout le formidable portrait de la Fraternité, une communauté protestante fondée à Clamart auquel appartint, entre autres, Lionel Jospin. C’est aussi le récit d’une certaine extrême-gauche qui fricota avec les terroristes d’Action Directe. C’est enfin, et surtout, le constat de la fin des idéologies, celles qui sont nées dans la foulée de mai 68.
Avec tendresse, l’écrivain rend hommage à sa famille qui plongea dans les tourments de l’histoire la plus récente.
EXTRAITS
- « Mais une famille, c’est une grandeur, si pauvre et ignorée soit-elle. Juste l’histoire de deux cousines, toutes deux femmes simples, que la vie, la descendance et les cercles tourbillonnants de l’existence conduisent, oui, à une forme de grandeur. » (p. 29).
- « ils étaient comme des Amish qui auraient eu l’électricité. » (p. 46).
- « Qu’est-ce qu’un milieu social ? Une pénétration irrésistible de l’être par mille détails, mille conceptions du monde, mille pressions inconscientes qui nourrissent, forment, sanglent, enserrent, étranglent, pour le meilleur et le pire. » (p. 189).
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