Comme un pied de nez à « L’étranger », Jacky Schwartzmann ouvre son roman avec une phrase-choc : « Maman n’est pas morte ».

Mais la délicieuse et fantasque vieille dame, ancienne prof de philo, est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Installé à Marseille, Jacky Toudic, son unique enfant, retourne à Besançon, sa ville natale, pour veiller sur sa mère qui doit être placée en EHPAD pour un coût mensuel de 3 000 €. Le fils a certes de l’argent de côté mais, aux yeux de l’administration, celui-ci est invisible et bien planqué au Luxembourg. Profitant de sa ressemblance avec Mathieu Kassovitz, « Kasso » pour les intimes, il a en effet escroqué un bon nombre de nigauds avec pour objectif « une retraite dorée dans les îles Marquises ».

Au hasard de rencontres improbables, il va enfin pouvoir monter un gros coup qui va pouvoir le mettre à l’abri ainsi que sa daronne. Mais, bien évidemment, le scénario parfait va connaître quelques rebondissements.

Avec son écriture fluide empreinte d’argot, de verlan et de métaphores savoureuses qui se déroule sur « L’aquoiboniste » de Gainsbourg chanté par Birkin, Jacky Schwartzmann orchestre avec humour et une certaine tendresse pour son héros-escroc sympathique un récit qui, mine de rien, pointe du doigt nos sociétés qui valorisent l’argent, mettent de côté les losers et délaissent certains territoires qui ne jouent pas le jeu de la « start-up nation » tout en égratignant les travers de nos sociétés avec une prédilection pour les nouveaux babas qu’il écorche à la manière de l’irrésistible Iegor Gran dans « L’écologie en bas de chez moi ».

EXTRAITS

• Ce qui est bien avec Alzheimer, c’est que vous voyez toujours de nouvelles têtes.
• Ce qu’ils ignorent, c’est que c’est justement à cela qu’on reconnaît vraiment les cons : ils citent Audiard.
• Militer c’est être en guerre contre le réel et c’est mentir.
• Hegel aurait certainement rangé Waze dans la catégorie des esclaves dont il faut se méfier.
• Maman, dis-je, tu m’as appris une chose primordiale, c’est que les gens qui affirment qu’il ne faut pas remonter les toboggans à l’envers sont des cons.