Critique – La ballade de Rikers Island – Régis Jauffret
Comme dans « Claustria » que j’avais beaucoup aimé, Régis Jauffret s’empare d’un fait divers bien glauque pour nous offrir une fiction (citons aussi « Sévère » sur l’affaire Stern que je n’ai pas lu). Même s’il n’est pas nommé expressément, comme ce fut le cas pour Josef Fritzl, le bourreau autrichien qui séquestra sa fille et l’engrossa allégrement, DSK est bien au cœur de ce roman. Sans oublier Nafissatou Diallo et l’épouse bafouée.
Pour décrire le couple qui aurait pu accéder à la fonction suprême, l’auteur adopte le point de vue omniscient, nous dévoilant tout ce que les personnages pensent et ressentent.
Parallèlement, un écrivain (on suppose qu’il s’agit de Jauffret) se rend en Afrique sur les traces de la victime. Une démarche qui ne m’a pas intéressée tant elle rassemble de poncifs sur ce continent.
Si j’ai adoré l’écriture éructante et féroce de Régis Jauffret, j’avoue m’être lassée assez rapidement des digressions sur le pénis de l’ancien directeur du FMI. Trop, c’est trop et j’ai laissé tombé à la page 137.
Extraits :
« Lorsque la vieillesse l’atteindrait, il pourrait même abandonner les excitants, installer les comprimés sur sa table de chevet, rien qu’en les regardant sentir monter en lui la longue série d’orgasmes qu’ils lui avaient donnée, et éprouver la commotion du plaisir en mouillant sa couche. Il s’adonnerait aux nombreux délices de la caducité, montrant son pénis rabougri, bougon, sombre comme un souvenir lointain, à l’écran qu’on aurait placé au pied de son lit pour le distraire de contes de fées, de dessins animés, de documentaires sur les oursons. »
« Portée à ébullition, la haine devient un stupéfiant comme un autre. Il s’est mis à renifler, elle flottait dans l’air. Chaque bouffée le revigorait comme un trait de cocaïne, lui donnait l’impression de pouvoir remonter le temps, retrouver le couloir où son éjaculation dans la bouche d’une femme de chambre avait sonné le glas de sa carrière. »
« Depuis sa renaissance génitale, il tutoyait sans cesse du bout du gland le bonheur ».
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