Au Texas, il moins grave d’assassiner les populations civiles irakiennes que d’avoir, quand on est professeur, des relations sexuelles avec ses élèves. Même s’ils sont majeurs.

S’inspirant d’un fait divers, Oriane Jeancourt Galignani retrace les quatre jours d’un procès qui soumit Deborah au regard accusateur de la procureure, du juge et des membres du jury.

Cette enseignante en mathématiques âgée d’une trentaine d’années est mariée avec un soldat souvent envoyé en mission. Mère de trois enfants, est-ce pour rompre sa solitude qu’elle s’adonne à des jeux amoureux ou pornographiques, selon le point de vue que l’on a, avec de solides garçons qui sont loin, c’est le moins qu’on puisse dire, de s’opposer à ses avances ? Est-ce tout simplement parce qu’elle aime « ça » comme elle l’a prouvé dès son adolescence ?

En positionnant le récit sous l’angle de la narration extérieure, l’auteur garde une distance avec son sujet et refuse tout jugement moral. Elle laisse cette appréciation aux autres et, également, à nous lecteurs. Et c’est un vrai tour de force de réussir à nous impliquer à ce point.

Si je n’ai ressenti aucune empathie particulière pour Deborah, petite fille dans un corps d’adulte, ni pour les quatre garçons, surtout le dernier arrivé, qui s’amusent avec elle comme si elle n’était qu’un objet de plaisir, je suis révoltée par ce puritanisme « Tea partien » qui considère l’infidélité comme un crime passible d’une peine de prison ! Le plus à plaindre est le mari qui, réfugié dans la religion, parvient à pardonner à celle qu’il aime.

EXTRAITS

• « Il n’y a pas de risque sans possibilité de ruine. » (p. 232).
• « Un homme en chasse un autre, c’est sa seule manière de survivre. » (p. 235).
• En décrivant la journaliste qui couvre le procès : « Sofia ne cligne pas des paupières, mime la concentration extatique des reporters de CNN sous les bombardements. » (p. 241).
• « je ne vois pas d’enfant dans ce tribunal, je ne vois que des hommes que l’on juge assez vieux pour combattre en Irak et mourir en Afghanistan. » (p. 252).
• « C’est un procès sans crime ni victime. » (p. 254)