Critique – Les Guerriers de l’hiver – Olivier Norek – Michel Lafon

Critique – Les Guerriers de l’hiver – Olivier Norek – Michel Lafon


Avec « Les Guerriers de l’hiver », Olivier Norek nous surprend. Délaissant le polar, il nous propose un roman historique qui s’empare d’un conflit méconnu se déroulant en marge de la Seconde Guerre mondiale.

Cette incursion dans la littérature dite blanche a séduit les jurys des Prix Goncourt, Renaudot et Interallié qui l’ont sélectionné dans leur première liste.

Olivier Norek réitérera-t-il « l’exploit » de son homologue Pierre Lemaitre qui décrocha le Goncourt en 2013 avec « Au revoir là-haut » ? Affaire à suivre…

Pour composer les 450 pages du récit, l’auteur s’est entouré de connaisseurs des événements afin de les restituer dans leur vérité historique, l’imagination faisant le reste.

Le roman ouvre sur une scène saisissante d’une grande beauté qui nous rappelle que la guerre est un mille-feuille de cadavres amis et ennemis unis dans la mort.

La suite retrace le destin douloureux de la Finlande. Faisant partie pendant des siècles du royaume de Suède puis de la Russie, elle n’obtint son indépendance qu’en 1917.

Vingt-deux ans après avoir acquis enfin sa souveraineté, elle est envahie par les forces soviétiques après avoir refusé de négocier

Ce qui devait être vite expédié pour Staline se révèle un cauchemar.

Sur le papier – une armée sept fois plus nombreuse – l’ogre soviétique ne devait faire qu’une bouchée du Petit Poucet finlandais. Pourtant, côté russe, on comptabilisa près de 400 000 blessés, tués ou disparus contre un peu moins de 70 000 en face. Le Petit Père des peuples se moquait manifestement de ses concitoyens considérés comme de la chair à canon et n’avait pas pris en compte le fameux sisu, l’âme de la Finlande faite de courage et de ténacité face à l’adversité.

Ce sisu, le héros principal du récit l’incarne parfaitement. Simo Häyhä est un tireur d’élite exceptionnel. Les Russes le craignent tellement qu’ils le surnomment « la Mort Blanche ».

Si, contrairement aux polars, le suspense est absent de la narration, l’issue étant connue, la tension est patente.

Le lecteur a l’impression d’être « embedded » au cœur des batailles, de fraterniser avec les valeureux soldats finlandais et de souffrir du froid et de la peur au milieu des paysages enneigés et des forêts finnoises.

Avec un sens du tempo et une construction impeccable, Olivier Norek a composé un vrai roman de guerre dans lequel il exprime une tendresse pour ces paysans qui ont pris les armes pour défendre leur patrie et leurs valeurs, rappelant qu’en février 2022 de simples citoyens ukrainiens se sont levés contre l’agression russe.

Malheureusement, l’histoire se répète souvent…

EXTRAITS

  • Ce sont deux choses distinctes que de pouvoir ou de devoir. Pouvoir tirer ou devoir tirer. Pouvoir tuer ou devoir tuer.
  • La guerre… Il faut toujours un premier mort pour y croire vraiment.

+ There are no comments

Add yours