Critique – Loin d’eux – Laurent Mauvignier
Luc, la vingtaine, a quitté le cocon familial. Au grand soulagement de ses parents qui espèrent que leur fils qu’ils jugent fainéant et incapable, fasse enfin quelque chose de sa vie c’est-à-dire trouver un travail. L’oncle et la tante de Luc se réjouissent aussi de ce départ. Céline, sa cousine, réagit à l’inverse.
Luc rentre tous les week-ends chez Jean et Marthe mais il ne dit rien de sa nouvelle existence, de son job de serveur dans une brasserie des Champs-Elysées. Il est vrai que, dans cette famille modeste, on parle peu, on ne montre pas ses sentiments. Je préfère taire ce qui est le fil rouge de cette histoire magnifique sur les non-dits, l’incompréhension, l’incommunicabilité, le silence, l’absence… Le style de ce roman polyphonique où chacun des protagonistes s’exprime est magnifique. Il est fait de longues phrases musicales qui sonnent comme une litanie, l’ennui en moins. Pendant toute la lecture, j’avais la gorge serrée. Voici longtemps qu’une rencontre littéraire m’avait bouleversée à ce point. Je suis allée voir et écouter Laurent Mauvignier à la Médiathèque de Châteaubriant en avril dernier. On a du mal à croire que cet homme qui pratique l’autodérision avec autant de force soit l’auteur de ce premier roman qui pourrait tout à fait faire l’objet d’une lecture à voix haute tant le ton est mélodieux, tranchant avec la violence du propos.
Petites mises en bouche pour donner envie d’aller plus loin : à partir de la page 55, sur la mort du mari de sa cousine Céline et les réactions de l’entourage.
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