Critique – Recherche femme parfaite – Anne Berest – Grasset

Critique – Recherche femme parfaite – Anne Berest – Grasset


Ouf, même si on s’en doutait, la femme parfaite n’existe pas. Pourtant, on veut nous le faire croire. Épouse comblée, amante attentive, mère de famille admirable, cuisinière accomplie, femme d’affaires avisée à qui personne ne résiste…, le portrait idéal va vite se fissurer.

Émilienne, la trentaine, est photographe de profession. Mais elle aspire à autre chose qu’à immortaliser des jeunes mariés toujours déçus du résultat. Elle ambitionne de devenir artiste. Un désir qui passe par une exposition de ses œuvres aux Rencontres d’Arles, la Mecque du 8ème art. Elle choisit comme fil conducteur de son travail le thème de la femme parfaite et part à la quête de cet absolu. Elle n’a pas loin à aller car Julie, sa voisine et meilleure amie, incarne l’archétype de ce qu’elle cherche à figer sur la pellicule. Mais l’humain est faillible. La preuve : la wonder woman se retrouve à l’hôpital victime d’un excès de perfection.

Qu’importe ! Émilienne va se lancer à la poursuite d’autres modèles : un canon de beauté malheureux, un clone touchant de Zahia, une ado inculte, une veuve de pasteur… Elle va vite déchanter : la femme parfaite n’existe pas. Elle est une construction sociale, un parangon que les autres nous imposent.

Sous des dehors de farce, le dernier roman d’Anne Berest s’interroge sur la féminité dont la définition a évolué au fil du temps. En à peine cinquante ans, nous sommes passés du culte des formes plantureuses à la Marilyn à celui de la maigreur extrême. Plus largement, il sonde la place de la femme dans l’histoire, une histoire écrite par les hommes qui se donnent toujours le beau rôle !

EXTRAITS

  • C’est décourageant pour nous, les artistes du XXIème siècle, nous sommes condamnés au recyclage, obligés de vivre dans la citation permanente, de produire des œuvres plastiques sur le mode de la dérision, et de façon générale, contraints de cultiver l’ironie dans tous les domaines artistiques.
  • (…) une petite fille de cinq ans à qui l’on raconte l’Odyssée ne s’identifie pas à Pénélope, elle n’a aucune envie de s’ennuyer à mourir en détricotant la nuit ce qu’elle a tricoté le jour. Non, les petites filles rêvent d’être Ulysse.
  • Je me contentais d’imiter la vie d’artiste, sans en avoir le talent.

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