Critique – Roman de gare – Philibert Humm – Les Équateurs

Critique – Roman de gare – Philibert Humm – Les Équateurs


Après avoir descendu la Seine dans « Roman fleuve » (Prix Interallié 2022), Philibert Humm remet le couvert et nous invite à un périple en train mais pas n’importe quel train.

Dans la lignée des hobos américains, c’est dans des wagons de marchandises que le narrateur entend bien se déplacer.

Ces vagabonds qu’il admire parcoururent dès la fin du XIXe siècle le territoire états-unien avec, chevillé au corps, « l’esprit pionnier ».

Pour l’auteur et son compagnon Simon, son exact contraire et pourtant ami d’enfance, l’aventure n’aura pourtant pas la même saveur que celle vécue par leurs prédécesseurs, « hérauts d’une contre-culture et […] incarnation vivante du pied de nez ».

C’est de France en effet que le duo va s’élancer et pas des vastes plaines des US. Et pis, c’est de la triste, mais néanmoins immense, gare de Villeneuve-Saint-Georges en région parisienne que la ligne de départ va être franchie.

Et c’est parti pour un récit rocambolesque rythmé par des scènes empruntées au comique de situation, des parties de cache-cache avec les cheminots, des jeux de mots, des références littéraires approximatives et des digressions pertinentes sur une France profonde abandonnée par le chemin de fer au profit du tout-voiture et de ses habitants que l’auteur égratigne avec une tendre lucidité.

Quant aux transgressions de Simon, elles concourent à faire du voyage une expérience saugrenue dont l’amitié sortira presque indemne.

Avec une capacité à faire rire intacte, Philibert Humm nous amuse avec les péripéties de Buck et Callaghan, surnoms que les compères se sont attribué !

On attend son prochain livre avec impatience. Où nous entraînera-t-il cette fois-ci ? Je le verrai bien à dos de cheval tel Don Quichotte se battant contre les moulins à vent.

EXTRAITS

  • La détestation du Parisien est si commune dans notre pays que les Parisiens eux-mêmes ont fini par se haïr.
  • On est toujours déçu par ses amis, surtout quand on les tient en haute estime. Voilà pourquoi il est préférable de les mépriser un peu.
  • Une idée me glaça le sang : et si les animaux se foutaient de notre gueule ?
  • Je ne connais rien de plus ennuyeux que le train payant. Les aventuriers ont horreur des allers simples et leur préfèrent les retours compliqués.

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