Critique – Un écrivain, un vrai – Pia Petersen
Auréolé du prestigieux International Book Prize, l’auteur franco-américain Gary Montaigu a accepté de se prêter au « jeu » de la téléréalité. Le programme « Un écrivain, un vrai » produit par un certain Miles, un condensé de cynisme, entend filmer Gary à son domicile 24 heures sur 24. Les téléspectateurs sont alors censés assister au processus de création littéraire, voter (cliquer sur « j’aime » donne lieu de critique ; et si on aime, on a envie de « partager » avec ses « amis »). On peut même, si l’histoire ne vous convient pas, la modifier ! Gary, personnage plutôt antipathique au départ, a accepté de participer à l’aventure (comme on dit) par ambition mais aussi parce qu’il espère secrètement partager son amour pour la littérature avec le public le plus large.
Un an après, on retrouve notre écrivain immobilisé dans un fauteuil roulant, attablé à un bureau du sous-sol de sa maison, essayant vainement d’écrire un roman. Mais l’inspiration s’est tarie. Que s’est-il passé ? Lui qui pensait convertir le bon peuple au bonheur de la lecture s’est fait broyer par un système qui valorise le plaisir immédiat à la réflexion. Pire, le producteur, aidé par Ruth, l’ambitieuse femme de Gary, a écrit un scénario obligeant l’écrivain à succès à jouer un rôle. Il est ainsi supposé avoir une liaison avec une journaliste du « New York Post ». Histoire d’apporter un peu de glamour et de trahison.
Preuve que la téléréalité est un leurre. Au lieu de nous nous montrer la réalité telle qu’elle est, elle la « fictionnalise ».
A l’heure où la médiocrité domine sur nos écrans, Pia Petersen nous offre une réflexion salutaire sur le rôle de la création et sur la place du livre dans nos sociétés.
Magistralement construit, « Un écrivain, un vrai » est l’histoire d’un homme qui ne parvient pas à lutter contre une époque qui se complaît dans la facilité. Il se lit comme un polar et ne nous laisse pas souffler une seconde.
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