Critique – Un papa de sang – Jean Hatzfeld
Creusant le sillon de la connaissance du génocide rwandais , Jean Hatzfeld nous offre en cette rentrée littéraire un nouvel aspect de cette page d’une histoire qui élimina près de 800.000 Tutsis. De retour sur les collines de Nyamata, il a recueilli les témoignages des enfants des deux ethnies. Après quelques paragraphes resituant le contexte, il laisse la parole à celles et ceux qui n’étaient pas nés au moment de la tragédie ou trop jeunes pour se souvenir.
Du côté des familles Tutsis, les situations vont des non-dits à la libération de la parole. Pour affronter l’horreur, nombre d’entre eux se réfugient dans la religion. Une manière fataliste d’expliquer que tout était écrit. Une façon aussi de ne pas tomber dans la haine. Du côté Hutu, c’est la honte qui domine. Même si les descendants des assassins reprochent à ceux des victimes d’être, en bénéficiant des aides du régime, des assistés. Malgré les tentatives de réconciliation du gouvernement, les rancunes sont tenaces de part et d’autre.
Les confidences empreintes de poésie et d’expressions imagées de la jeunesse d’un pays meurtri sont bien la preuve des conséquences malheureuses des guerres sur les générations suivantes.
EXTRAITS
- « Elle se dit « un peu grossie de confort » après son septième enfant. » (p. 29).
- « En Afrique, le temps polit les histoires à l’aide de mots merveilleux. » (p. 32).
- « C’est la rancœur qui unit les deux camps des jeunes hutus et tutsis, ce n’est pas l’appétit de la vérité . » (p. 90).
- « Un génocide attise les croyances, les gens braisent leur foi pour se protéger du fléau. » (p. 138)
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