Loin des représentations picturales et statuaires de Marie comme Mater Dolorosa, se tient une sculpture la figurant allongée et lisant. Face à elle, Jeanne Benameur s’est dit immédiatement : « C’est pour moi ». C’est ainsi qu’elle a imaginé un destin à la mère de Jésus qu’elle restitue dans « Vivre tout bas ».

L’histoire a peu d’importance dans ce récit qui nous parle d’une femme qui, un jour, est arrivée dans une contrée au bord de la mer. Avant sa mort, son fils l’a placée sous la protection de Jean le pêcheur et son plus fidèle disciple.

Non loin de là, au village, elle croise le chemin d’une enfant, silencieuse depuis que sa mère s’est éteinte après l’avoir sauvée de la noyade.

La femme gagne la confiance de la fillette et extrait de son esprit le spectre de celle qui l’a arrachée à la mer déchaînée. Par cet apprivoisement, elle se sent utile, elle qui, comme mère du Sauveur avait donné naissance à un enfant « qui n’avait pas besoin d’elle. »

Évocation poétique de la nature et des éléments qui avivent la sensorialité et qui, par leur présence éternelle, forment une connexion commune entre les êtres ; ode à la fraternité qui rapproche les hommes, vivants et morts, aux gestes qui consolent ; hymne aux mots et à l’écriture, « Vivre tout bas » est un texte magnifique à la grâce apaisante.

EXTRAITS

• Les mots […] habitent des espaces inconnus et ouvrent des chemins neufs.
• Les vies de rien, celles des gens qu’on ne remarque pas mais qui sont traversés par des choses puissantes. Ces vies-là demandent à être écrites.
• Ce sont les moments qui comptent. Pas les vies. Ces mots où on ne sait pas pourquoi on fait quelque chose mais on le fait. C’est cela qui mérite d’être raconté.