Critique – Claustria – Régis Jauffret

Critique – Claustria – Régis Jauffret


Je suis certaine d’une chose : comme on le dit, on ne sort pas indemne de la lecture de « Claustria » (raccourci de « claustrophobie » et « d’Austria » ?).

Même s’il présente son dernier livre comme un roman à part entière, Régis Jauffret s’est bien évidemment inspiré du célèbre « fait divers » qui a défrayé la chronique en 2008. C’est cette année que sont découverts dans une excavation aménagée sous la maison du bourreau une femme et ses trois enfants séquestrés par Josef Fritzl, à la fois père et grand-père de ce « petit peuple de la cave ».

Josef Fritz, qui est le seul à conserver sa véritable identité, celle des autres protagonistes ayant été changée, a en effet enfermé sa fille pendant trente-quatre ans lui faisant sept enfants dont quatre sont sortis de leur prison pour être élevés par la grand-mère, juste au-dessus de l’antre.

En se mettant dans la tête des personnages, Régis Jauffret reconstitue le calvaire des prisonniers et la psychologie du tortionnaire.

C’est éprouvant, dérangeant, glaçant mais salvateur. Comment un homme dit « normal » (d’après les psychiatres qui l’ont examiné, il ne souffrait d’aucune pathologie) a-t-il pu commettre des actes aussi barbares et ce, en toute impunité ? Le pire, c’est que cette description du mal absolu s’accompagne aussi de l’évocation d’une forme d’amour qui aurait existé entre le père et sa fille. Et c’est cela le plus terrible…

Le texte, parfois redondant, aurait pourtant mérité d’être un peu plus resserré.

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