Jocelyne Guerbette aurait pu être employée de bureau ou infirmière. Elle aurait pu exercer un autre métier dont elle a rêvé plus tôt. Mais, à 47 ans, elle est mercière à Arras. Mariée à Jocelyn (ça ne s’invente pas mais ce prénom aura son importance pour la suite), elle a deux enfants qui ont quitté la maison familiale. Elle a deux amies coiffeuses et des milliers d’admiratrices qui visitent quotidiennement son blog dédié aux travaux d’aiguilles.

Cette vie monotone est bouleversée lorsqu’elle gagne à l’Euromillions une somme invraisemblable.

Au lieu de clamer sa joie d’avoir remporté le jackpot, elle cache le chèque dans un endroit secret et se contente de faire des listes de choses dont elle a envie de faire l’acquisition. Des choses simples comme elle. Si ce n’est une Porsche Cayenne pour ce mari devenu indifférent.

En refusant d’encaisser le chèque, Jocelyne veut-elle nous rappeler que l’argent ne fait pas le bonheur ? Veut-elle nous dire que l’essentiel est le désir et non la satisfaction des besoins ? La vraie vie n’est-elle pas ailleurs, elle qui a perdu une enfant à la naissance, dont la mère est morte dans la rue, dont le père est atteint de la maladie d’Alzheimer ?

« La liste de mes envies » aurait pu être niaiseux. Or, il ne l’est pas. Ce portrait d’une femme banale mais généreuse servi par une écriture enlevée est finalement très mélancolique.