Critique – Après le carnage – T. C. Boyle
L’oeuvre de l’auteur américain T. C. Boyle est, si je peux me permettre une telle affirmation, assez inégale. Après le formidable « Water music » (1981), il nous livra un savoureux « América » mais ses dernières productions ne sont pas, à mon avis, du même niveau (« Le cercle des initiés », « Talk Talk », « Les femmes »).
Fort heureusement, dans son dernier opus, le Californien renoue avec le sens du romanesque et un humour féroce tout en nous encourageant à réfléchir sur notre époque.
Dans « Après le carnage », il s’attaque à l’écologie ou plutôt aux écologistes, ces figures démiurgiques et prométhéennes sûres de leur bon droit alors qu’elles sont bourrées de contradictions.
Pour appuyer son propos, Boyle met en scène deux personnages représentatifs de courants écolos que tout oppose. Il y a Alma, une biologiste chevronnée, qui s’appuie sur des connaissances scientifiques soi-disant irréfutables pour exercer un droit de vie et de mort sur des espèces animales prétendument nuisibles. Les rats, qui engloutissent les œufs, et les cochons sauvages, qui s’attaquent aux gentils renards, en seront pour leurs frais. Leur tort : avoir été importés de fraîche date par des hommes, forcément méchants, sur les îles où se déroule une bonne partie de l’intrigue. Alma entend bien retrouver la pureté des origines. Mais est-ce possible ? Est-ce souhaitable ? N’est-ce pas faire preuve d’une forme de racisme ?
Face à cette végétarienne forcenée qui roule tout de même en Prius (on espère qu’il s’agit d’un modèle hybride) se dresse Dave qui considère que tous les animaux ont le droit de vivre quitte à empiéter sur la liberté et, surtout, sur la vie des plus faibles qui, eux-mêmes, n’auront pas de scrupule à dévorer des espèces encore plus fragiles qu’eux.
« Après le carnage » nous montre le combat de ces deux êtres prêts à tout pour que leur vision écologique triomphe. Et Boyle prend un malin plaisir à se moquer d’eux. Et le lecteur de rire avec lui mais aussi de réfléchir sur l’avenir de notre planète. Avec des hommes et des femmes aussi obtus, on est mal partis !
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