Critique – Moscou Babylone – Owen Matthews
Il n’y a pas que le New-York des « Yuppies » de Bret Easton Ellis qui trempe dans la débauche et la violence.
Sur ce plan, le Moscou (comparé à Babylone, la cité du péché) des années 90 libéré du carcan communiste et perverti par les milliardaires mafieux n’a de leçon à recevoir de personne.
Roman, le narrateur, un jeune anglo-russe, a quitté son pays natal pour rejoindre la « Mère ». Il y vivra des aventures qui bouleverseront son existence à tout jamais.
Dans ce pays fou (d’honorables babouchkas vendent de la drogue !) qu’est devenue la Russie, il rencontrera des personnages hauts en couleurs, bien éloignés de la morale puritaine anglo-saxonne. Des autochtones, évidemment , mais aussi des étrangers venus profiter des avantages d’un capitalisme anarchique qui a pour valeurs ultimes le sexe, la drogue et l’argent.
Il croisera aussi le chemin de Sonia, une junkie qui le mènera à sa perte. Et malgré sa vie dissolue, on ne lui en veut pas car, bien que faible, Roman est un type attachant qui se laisse porter par les événements.
L’auteur, journaliste, connaît bien la Russie. Né lui aussi d’une mère russe et d’un père anglais (cf. « Les enfants de Staline »), il vit le plus souvent dans la capitale de la Fédération et il a su peindre avec réalisme et humour ce peuple si fascinant dans ses contradictions.
On est tellement emballés par cette histoire au rythme endiablé qu’on ne la lâche pas.
EXTRAITS
- En s’adressant à des prostituées, Sverdlov s’exclame : « Vous êtes des reines ! C’est grâce à vous que la Russie est le plus grand pays du monde. Le hockey ? Le foot ? Non ! C’est la baise, notre vrai sport national ! »
- « A Moscou, la coke et les putes étaient ce que le vin rouge et l’ambition littéraire étaient aux glandeurs bohèmes que j’avais connus à Soho : un signe d’appartenance »
- En exergue du chapitre 8, Owen Matthews cite le national-bolchévique et écrivain à ses heures, Edouard Limonov : « Moscou, notre vilaine dame de gel, de béton et de violence macabre »
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