Critique – En finir avec Eddy Bellegueule – Edouard Louis
Edouard-Eddy.On sent d’emblée que ce premier « roman » s’inspire du vécu de l’auteur. Et cela lui confère une force à la limite du soutenable tellement on a du mal à imaginer qu’il puisse exister un tel village, situé dans la Somme, peuplé d’alcooliques bas du plafond, racistes et homophobes, frappant à l’occasion leurs femmes engrossées très jeunes, comme une manière d’exister, d’être propriétaires de quelque chose qui se révèle être un être vivant, avec pour seul horizon les murs de l’usine qui a fourni du travail à des générations d’habitants, les paysages plats où poussent le maïs et les betteraves.
Ils sont nés au village et y mourront, parfois très jeunes, sans avoir connu d’autres univers, d’autres références. Dans cet environnement sordide, la famille du narrateur ne dépare pas. Et Eddy, ce jeune garçon efféminé, régulièrement tabassé par ses « camarades » de classe et insulté par ses parents, vivra sa différence comme une rédemption. C’est elle, à mon sens, malgré les sévices subis, qui va lui permettre de s’extraire de cette misère sociale, morale, intellectuelle et culturelle. Ce roman, dont le décalage entre le style plutôt classique et la crudité de certaines scènes m’a parfois dérangé, devrait être lu par tous ceux qui réfutent les théories du genre !
« En finir avec Eddy Bellegueule » est sans conteste un premier roman prometteur.
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