Ne vous fiez pas à la couverture de ce roman avec son lapin en peluche. En le regardant dans les yeux, on soupçonne un brin de perversité chez cet animal a-priori inoffensif.

Bunny Munro est un être abject, alcoolique et drogué. Inapte à toute réflexion, il n’agit que sous l’influence de ses pulsions, en particulier sexuelles. Trop bête pour être méchant, il est incapable d’appréhender les conséquences de ses actes.

Lorsqu’il épouse Libby, il s’empresse de l’engrosser et de la tromper. La femme déshonorée sombre dans la dépression mais il est trop abruti pour s’en apercevoir. Alors qu’elle l’appelle au secours et lui demande de rentrer, il est en bonne compagnie (d’une prostituée). Le lendemain, de retour à son domicile, il la découvre pendue dans la chambre à coucher.

Le problème est qu’il a un fils de 9 ans dont il est, personnage immature, incapable de s’occuper. Représentant en produits de beauté, il l’entraîne sur les routes jusqu’à un épilogue annoncé. Pendant qu’il séduit des femmes esseulées avec sa tchatche de dragueur minable, Bunny junior attend patiemment dans la voiture de son père, apprenant par coeur l’encyclopédie que sa mère lui a laissée. Ce gamin a tellement peu de personnalité et de caractère – il adule son père – qu’on n’arrive même pas à le plaindre.

C’est là la force de ce roman très cru qui met tout en oeuvre pour nous dégoûter de l’humanité. Il m’a fait penser à l’excellent « Comme Dieu le veut » de Niccolo Ammaniti avec un degré en plus dans la bestialité.

Heureusement que certaines personnes font preuve de lucidité. Il faut absolument lire les pages 153 et suivantes. Pour la première fois, le pitoyable priapique est confronté à une femme qui le juge tel qu’il est : un vulgaire macho.

Nick Cave est un Australien qui est avant tout le chanteur du groupe « Nick Cave and the Bad Seeds ». Son premier roman, « Et l’âne vit l’ange » a été édité en France par « Le Serpent à plumes » en 1995.