Critique – Sapiens. Une brève histoire de l’humanité – Yuval Noah Harari
Une gageure que de parcourir en moins de 500 pages toute l’histoire de l’humanité et, surtout, les grandes forces qui l’ont animée. Le tout avec humour et un solide bon sens qui permet à l’auteur israélien de prendre une distance salvatrice avec l’objet étudié. On le voit, le pari est réussi.
Raconter l’histoire de l’humanité, c’est tenter d’expliquer comment l’homo sapiens a réussi à dominer les autres espèces par sa capacité à créer de la fiction. Qu’il s’agisse de l’invention des religions ou, plus prosaïquement, des sociétés à responsabilité limitée… Cette emprise ne s’est pas faite sans dommages collatéraux. Yuval Noah Harari en profite par ailleurs pour dénoncer avec force le sort réservé aux animaux de boucherie.
Et d’en profiter aussi pour vanter la condition du chasseur-cueilleur et son rapport à la nature ( « Je pense que l’ouvrier moyen au Bangladesh a aujourd’hui une vie beaucoup plus difficile que le chasseur-cueilleur moyen qui vivait dans ce qui est aujourd’hui le Bangladesh il y a 30 000 ans »).
De l’homme préhistorique, nous arrivons à l’homme bionique qui se profile à l’horizon. Un être qui ne nous ressemblera plus, en partie parce qu’il sera immortel.
Érudit mais limpide, « Sapiens » est une lecture stimulante qui mêle plusieurs approches scientifiques pour raconter notre récit commun.
EXTRAITS
- « Une des règles d’airain de l’histoire est que toute hiérarchie imaginaire désavoue ses origines fictionnelles et se prétend naturelle et inévitable. Ainsi, nombre de ceux qui estimaient naturelle et correcte la hiérarchie des hommes libres et des esclaves ont prétendu que l’esclavage n’était pas une invention humaine. » (p. 164).
- « Si vous fourrez 10 000 chimpanzés dans le stade de Wembley ou les Chambres du Parlement, vous aurez le chaos. Mais si vous prenez 10 000 personnes qui ne se sont jamais rencontrées auparavant, elles peuvent coopérer et créer des choses étonnantes. »
- « Le christianisme, par exemple, se dota de tout un panthéon de saints, dont les cultes différaient peu de ceux des dieux polythéistes. » (p. 258).
- « En 1775, l’Asie représentait 80% de l’économie mondiale. » (p. 328).
- « La nation est la communauté imaginaire de l’Etat ; la tribu des consommateurs, la communauté imaginaire du marché. » (p. 425).
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