Critique – Joujou – Eve de Castro – Robert Laffont
Joseph Boruwlaski n’est pas nain. C’est une personne de petite taille, un Lilliputien qui mesurera moins d’un mètre à l’âge adulte.
Né dans la première moitié du 18ème siècle en Russie polonaise, il est issu d’une famille d’aristocrates. Son père, alcoolique et ruiné, se suicide. A l’âge de 9 ans, sa misérable mère le confie à une riche amie qui le surnomme Joujou mais aussi bichon, singe et autres sobriquets ridicules. Ce ravissant enfant aux « yeux myosotis » est considéré au mieux comme un chien, au pire comme un jouet. Très intelligent, doué pour la musique et la danse, il voyage dans toute l’Europe et fréquente les cours princières où il joue de sa différence pour s’attirer faveurs, cadeaux et argent. Car même s’il est minuscule, il doit aussi se nourrir et assumer les caprices de son épouse, la ravissante et odieuse Isaline, une femme de taille normale qui cédera à ses avances.
Cet homme qui devait mourir jeune fut presque centenaire et assista à chute de l’ordre ancien. Sa notoriété faiblissant avec le temps, Joujou dut s’abaisser encore davantage à séduire un public de plus en plus exigeant. Ce personnage miniature, qui a réellement existé, est, comme le souligne Eve de Castro dans ses « Remerciements », « un homme de cœur et d’esprit » qui refusa de déroger aux règles morales qu’il s’était imposées pour vivre son seul véritable amour avec une courtisane. Quitte à souffrir. Car, c’est non seulement la moquerie des autres mais aussi sa propre abnégation qui vont faire de sa vie un enfer.
Bien menées, bien écrites, les aventures du « monstre parfait » sont un vrai plaisir de lecture.
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