Critique – Les larmes noires sur la terre – Sandrine Collette – Denoël
Oppressant, c’est le terme qui vient à l’esprit après avoir refermé « Les larmes noires sur la terre ».
Séduite par Rodolphe, Moe quitte son île du Pacifique pour s’installer à Paris. Sa vie, qu’elle souhaitait plus belle, se transforme en cauchemar. Maltraitée, elle doit s’occuper de la grand-mère de son compagnon, une vieille femme acariâtre.
Enceinte d’un autre, elle fuit et échoue à « La Casse », un endroit fermé où vit la lie de l’humanité parquée dans des voitures qui font office de logements.
Trimant toute la journée dans une espèce de vaste potager pour un salaire dérisoire, elle rêve d’économiser les 15 000 euros réclamés pour quitter avec son fils cet enfer dans lequel une sous-société se reconstitue avec ses mafias et ses pauvres encore plus miséreux que les autres.
Pourtant, elle a hérité d’un emplacement situé dans une rue habitée par des femmes qui l’accueillent avec chaleur. Elles ont toute une histoire douloureuse et, comme Moe, sont des victimes : des attentats de novembre 2015 pour Poule ; de la guerre pour Ada, l’Afghane doyenne du groupe, qui guérit avec ses herbes magiques et prédit l’avenir avec son don pour la divination ; de servitude pour Marie-Thé et de violence maternelle pour Jaja. Sans oublier Nini-peau-d’chien, qui augmente ses revenus en se prostituant.
Cette dystopie, suffisamment crédible parce qu’elle se situe dans un futur proche, est-elle la préfiguration de la ghettoïsation rampante de nos sociétés dont les plus aisés ferment les yeux sur les indigents, les délinquants et les déviants ?
Porté par une écriture rythmée, « Les larmes noires sous la terre » ne laisse pas souffler le lecteur secoué par les drames que subissent ces femmes fortes capables de résilience grâce à la solidarité qui les lie.
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