Critique – La mort de Santini – Pat Conroy – Le nouveau pont

Critique – La mort de Santini – Pat Conroy – Le nouveau pont


J’avais beaucoup aimé « Le Grand Santini », roman qui s’inspirait de l’histoire de Pat Conroy alias Ben Meecham, de son père Don Conroy alias Bull Meecham surnommé Le Grand Santini, de sa mère et de toute la fratrie.

Décédé l’an dernier, l’auteur du « Prince des marées » nous a laissé une autobiographie publiée en 2013 aux USA et qui vient d’être éditée en France par la toute jeune maison bordelaise « Le nouveau pont ».

« La mort de Santini », c’est avant tout le récit d’une haine qui se transforme en amour, soulignant toute l’ambiguïté de cette mutation. Battu et avili, l’aîné des Conroy voue une inimitié féroce à son géniteur. Peu à peu, l’âge adulte venant, les deux hommes se rapprochent. Qu’est-ce qui explique cette réconciliation ? Le déni de Don, de certains de ses enfants et, parfois même de la mère, des violences subies, la vieillesse, la maladie et, surtout, le formidable humour d’un père, « animal terrestre » et de son fils qui permet de dépasser les différends.

Il n’empêche que Pat sera toute sa vie poursuivi par la dépression et incapable, comme il l’avoue lui-même, d’être un bon mari et un bon père.

Il est décidément impossible d’oublier les blessures de l’enfance surtout quand on est l’aîné d’une telle famille !

Parallèlement à la relation filiale se met en place une galerie de personnages : Peg, la mère, une femme mégalo qui s’invente une vie. Grande lectrice, elle transmet son virus des belles lettres à ses deux aînés. Victime d’une leucémie, elle sera soutenue jusqu’au bout par Pat et Don alors qu’elle a divorcé de ce dernier. Il y a aussi Stanny, la fantasque grand-mère, et Carol Ann, sœur de Pat, la poétesse jalouse de son frère qui sombre dans la démence. Comme le benjamin de la famille.

« La mort de Santini », c’est aussi le portrait du Sud des États-Unis, des Irlandais installés à Chicago. Et quand on parle d’Irlande, la religion n’est jamais très loin.

Merci à Babelio et à la maison d’édition (bravo pour la couverture qui évoque un livre pour la jeunesse) pour cette belle lecture entre émotion et rire.

La sortie en librairie est prévue pour le 12 septembre.

EXTRAITS

  • Ma famille est ma ration d’enfer, ma flamme éternelle, mon destin et mon temps sur la croix.
  • J’avais voulu être ce que je ne pouvais pas devenir – un bon père et un bon mari.
  • Ma fille a écrit un livre de grande poésie et mon fils aîné a écrit quelques romans pourris. Je mourrai en sachant que je resterai une figure littéraire pour l’éternité.

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