Critique – La tentation – Luc Lang – Seuil
Week-end de la Toussaint au cœur du massif alpin non loin de la frontière avec l’Italie. François, la cinquantaine, chasseur chevronné, tire sur un magnifique cerf. Gagné par l’inanité de son geste, il le ramène dans sa propriété pour le soigner.
Une mission plutôt facile pour ce chirurgien plutôt doué de ses mains.
La solitude sied bien à cet homme qui ne comprend plus sa famille. Alors que son épouse, la mystique Maria, vit cloîtrée dans un couvent, son fils, un jeune loup de la finance marié à un mannequin diaphane, prône des « valeurs » dans lesquelles il ne se reconnaît pas (« Tes appartements, ton relais de chasse, tes parts dans la clinique, c’est complètement dépassé, papa » affirme le rejeton).
Quant à sa fille, elle est tombée folle amoureuse d’un type peu recommandable…
Auréolé du Prix Médicis 2019, « La tentation » détourne les codes du thriller pour parler de l’incommunicabilité entre les êtres ainsi que de l’affrontement entre deux mondes : le nouveau, cynique et individualiste, représenté par le fils et l’ancien qui magnifie la nature, le goût du travail bien fait et du geste parfait dont François serait l’incarnation.
De ce roman à la construction originale qui multiplie les points de vue, il se dégage une ambiance mortifère et apocalyptique. La famille n’est décidément pas un havre de paix !
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