Critique – Alors c’est bien – Clémentine Mélois – Gallimard

Critique – Alors c’est bien – Clémentine Mélois – Gallimard


La mort d’un proche, surtout quand elle est soudaine, nous désarçonne. Tétanisés, nous préférons la mettre à distance et la déléguer à des professionnels en oubliant de communier avec nos chers disparus pour continuer à les faire vivre en respectant ce qu’ils étaient.

Dans la famille Mélois, c’est tout l’inverse. Il est vrai que le défunt n’était pas un homme ordinaire. Bernard, le patriarche, était un sculpteur qui utilisait des tôles émaillées de récupération pour inventer des œuvres à la poésie loufoque. Dans le quotidien, sa créativité et son enthousiasme enchantent la vie de ses proches.

Moins de trois ans avant son départ, on lui détecte « un cancer du côlon à un stade avancé ».

Survivant presque par miracle à une lourde opération, il rentre chez lui et vaque de nouveau à son travail artistique rythmé par de pénibles traitements qui seront inopérants à stopper la maladie.

Avec sa sœur Barbara, Clémentine, qui raconte les derniers moments de son père, revient dans sa maison d’enfance « pour l’accompagner jusqu’à la fin ».

Durant les quelques semaines qui restent, les filles, la mère et le père vont imaginer la mise en scène de la mort comme une œuvre d’art qui retrace un parcours bien rempli. « J’ai eu une belle vie et je vais avoir une belle mort » assure le sculpteur.

On choisit pour l’artiste son bleu de travail en guise d’ultime costume, on peint son cercueil en bleu outremer faisant dire aux employés des pompes funèbres qu’il ressemble à celui de Michou…

Malgré la souffrance qui se lit sur le corps de Bernard, incroyable de pudeur, la préparation des obsèques est un moment de joie et de partage

Avec sa fantaisie, son humour, sa tendresse, sa grâce et sa poésie, « Alors c’est bien », titre donné en référence aux dernières paroles de Bernard Mélois, est le récit touchant de la finitude et d’une famille soudée par l’amour.

EXTRAITS

  • Chez nous, on ne commande pas de modèle tout fait aux pompes funèbres, on préfère faire à notre façon et fabriquer les choses nous-mêmes.
  • Savoir qu’il s’agissait d’une douce agonie ne nous était d’aucun réconfort. La mort n’est pas une chose qui prête au relativisme.
  • L’humour est comme une torche enflammée qui tient à distance les bêtes sauvages autour des feux de camps, dans les romans d’aventures.
  • Ceux qu’on aime souffrent et meurent, et on se surprend à rire encore.
  • Un ticket gagnant, un bon mot, l’été et un chien content, tout cela était irréel. Tout avait changé, mais rien n’était différent, la vie continuait.

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