
Critique – CinéROMAn – Corina Ciocârlie – Signes et balises
Tout d’abord, un grand merci à Babelio et aux éditions « Signes et balises » pour ce voyage passionnant en terre romaine.
Tout le monde connaît l’expression « tous les chemins mènent à Rome ». Pour Corina Ciocârlie, ce sont la littérature et le cinéma qui conduisent à la capitale italienne en la nourrissant de ce qui fait son âme.
Même si y figure la piazza Navona ou encore la fontaine de Trevi, « CinéROMAn », avec sa démarche empruntant à la géocritique, n’a rien d’un guide touristique recensant les lieux incontournables à voir absolument en embarquant le visiteur muni d’une « to do list » dans une folie boulimique dont se sont moqués nombre de romanciers et de réalisateurs.
L’essayiste emprunte des chemins de traverse et effectue des pas de côté pour présenter les multiples visages de la Città Eterna, palimpseste à ciel ouvert, lieu des illusions, cité bipolaire, mille-feuille de cultures et de civilisations qui côtoient la misère la plus noire, la saleté, les prostituées, les « ragazzi di vita » qui font les poches des passants…
Si le goût de l’excursion motive le promeneur sillonnant inlassablement les strade de la ville aux sept collines, il n’est pas le seul.
On peut aussi se rendre à Rome en arrivant par le train à la gare de Termini ou par les airs en atterrissant à Fiumicino pour un voyage d’affaires ou pour rejoindre une maîtresse comme dans « La Modification » de Michel Butor .
Dans les pas des flâneurs qui eux-mêmes suivent les traces de leurs illustres prédécesseurs – Rabelais, du Bellay, Montaigne, Stendhal, Zola, Gide… – ayant pour certains effectué le Grand Tour et servant de cicérones avisés, le lecteur vagabonde ainsi en compagnie de plus d’une soixantaine de personnages de romans et de films dévoilant une ville à la fois réelle et imaginée. Souvent, ce sont en effet les états d’âme des protagonistes qui recomposent le ressenti d’un lieu paré alors de toutes les beautés et de toutes les vertus. Ou pas…
Cette flânerie littéraire et cinématographique aux multiples références est stimulante et enrichissante et transmet le désir de la Grande Bellezza, le désir de la regarder avec un œil neuf sous les auspices de la fiction, le désir de sortir de soi-même en s’abandonnant. Au risque de se perdre.
EXTRAITS
- « Il s’agit de vendre du passé contre des dollars à des gens qui se foutent du passé. » (Jean-Paul Sartre in « La Reine Albemarle ou le dernier touriste »)
- Ce doit être écrasant ce passé fastueux et trop souvent cruel que l’on rencontre partout dans Rome. L’Histoire y a les apparences d’un coupe-gorge.
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