
Critique – Le Jeune homme – Annie Ernaux – Gallimard
Je formulerais tout d’abord une remarque bassement prosaïque : si on faisait, pour le dernier « roman » d’Annie Ernaux, le rapport prix/nombre de pages, le chef-d’œuvre de Roberto Bolano, « 2666 » devrait être facturé un peu plus de 222 € au lieu de 30,45 € !
Même si je ne l’ai pas payé, j’avoue avoir ressenti que l’écrivaine et l’éditeur se moquaient un chouia de leurs lecteurs et clients.
J’ai eu envie de me plonger dans « Le Jeune homme » (2022) après avoir lu « Mauvais élève » (2025) de Philippe Vilain, amant dont il est question dans l’opuscule d’A. E., et en partie réponse au premier.
D’emblée, on apprend, si j’ai bien compris, qu’elle fait l’amour pour se rendre compte que la jouissance attendue et parfois advenue, était inférieure à celle déclenchée par l’écriture d’un livre. Fichtre !
Ceci étant signalé, elle évoque sa relation avec un étudiant normand en lettres de près de trente ans de moins qu’elle.
« Il me vouait une ferveur » écrit-elle en se remémorant son extrême jalousie.
Mieux encore, il était pauvre, tellement pauvre qu’il « jouait au Loto sportif chaque semaine, attendant […] tout du hasard. » Pour couronner le tout, « il regardait Téléfoot avec Thierry Roland. »
Ses origines plus que modestes se manifestaient dans ses manières de s’adresser à sa « meuf » et dans ses gestes du quotidien qui lui fait écrire : « il était le porteur de la mémoire de mon premier monde», « il était le passé incorporé ».
Pour résumer, il était l’équivalent de la madeleine de Proust.
A. E. analyse sa relation avec P. V. comme « un bon deal » consistant, pour lui, à donner du plaisir et à faire revivre des souvenirs ; pour elle, à offrir des voyages et un certain confort matériel ». On croirait du Trump chez les Germanopratins !
L’emprise qu’elle croit exercer sur le jeune homme lui autorise une forme de cruauté et un mépris certain.
Voili voilou ce que je peux dire de ce très court récit.
Un conseil : lisez les deux livres, celui d’A. E. et de P. V. pour découvrir ce qu’est l’autofiction et ses mirages.
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