Critique – Quatre jours sans ma mère – Ramsès Kéfi – Philippe Rey

Critique – Quatre jours sans ma mère – Ramsès Kéfi – Philippe Rey


Salmane, la trentaine bien sonnée, vit encore chez papa et maman et quand cette dernière prend la tangente, c’est un peu la panique..

Alors que Hédi, le patriarche plutôt taiseux, dont l’expression orale se résume à quelques phrases impératives, semble faire une croix sur son épouse en enlevant son alliance et en réaménageant l’appartement de fond en comble, le fils s’interroge sur ce qu’il a mal fait avec sa mère qu’il a délaissée au profit de ses copains de galère. Il parle de lui comme d’un « sous-fils ».

Il réfléchit aussi aux origines de ses parents, tous deux orphelins venus de Tunisie qui ont effacé les traces de leur passé et du pays où ils sont nés pour mieux s’intégrer dans cet Eldorado rêvé qu’était supposément la France.

Avec humour et une grande tendresse pour ses personnages qui s’aiment avec pudeur sans oser se le dire, le primo-romancier Ramsès Kéfi a composé une ode aux mères, celles qui tiennent les familles à bout de bras, sans lesquelles celles-ci exploseraient.

« Quatre jours sans ma mère » (clin d’œil à « Trois jours chez ma mère » de François Weyergans, Prix Goncourt 2005 ?) c’est aussi le portrait d’une banlieue, pas celle qu’on nous dépeint le plus souvent avec sa misère et sa violence, mais une périphérie où tout le monde se connaît et où l’entraide et la fraternité ne sont pas des vains mots. Même si les ragots vont bon train…

Les habitants du quartier de la Caverne ne manquent pas de sens de l’autodérision en décorant les murs de graffs de bisons et en rebaptisant les grands immeubles de « HLM de Lascaux ».

Et de l’autodérision, il en faut beaucoup pour accepter de vivre parqués dans une zone à quelques encablures de la capitale, mais tellement mal desservie que rejoindre Paris a tout d’une expédition et de subsister grâce à des jobs épuisants et sans intérêt, les seuls disponibles sous les ciels de la cité.

Bref, entre roman social et de l’intime, ce roman est plutôt une réussite.

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