Critique – Mater Dolorosa – Jurica Pavicic – Agullo
« Mater Dolorosa » commence comme un polar plutôt classique avec un cadavre et une enquête, puis il se transforme en roman psychologique qui interroge les questions du primat de la famille sur la justice, de la supériorité du sang et de l’honneur sur le droit sans lequel une société ne peut fonctionner avec un minimum de cohésion.
Dans une zone industrielle désaffectée de Split en Croatie, le corps sans vie d’une jeune fille est retrouvé. Avant d’être assassinée, Viktorija Zeba a été violée. Membre de la classe privilégiée de la ville, elle a pour père un patron de clinique et ancien édile local et pour mère une professeur à la faculté de médecine.
Compte tenu de la position sociale de la victime, les policiers sont priés de trouver rapidement le tueur dont l’identité est connue assez vite dans le récit.
Il s’agit d’un certain Mario, fils de Katja et frère d’Ines, un post-ado fadasse et glandeur trop couvé par sa génitrice. Aux côtés de la mère et de la sœur, un autre personnage tient une place centrale. C’est celui de Zvorne, flic célibataire vivant avec son vieux père malade vétéran du conflit des années 1990, qui refuse le coupable idéal qu’on tente de lui imposer.
Si l’intérêt du roman réside surtout dans la description des réactions des deux femmes confrontées à l’impensable – la certitude pour Katja, le doute pour Ines – qui pose la question de la loyauté familiale et instaure un climat de suspicion, il vaut aussi pour l’arrière-plan historique et géographique, celui d’une ville située au cœur des Balkans qui porte encore les stigmates du communisme et de la guerre que certains semblent regretter et d’une société écartelée entre la tradition et le progrès. Même si le progrès peut avoir des effets délétères…
EXTRAIT
– Les fils sont toujours un supplice pour les mères.
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