Critique – Richesse oblige – Hannelore Cayre – Métailié noir
Construire une fiction en s’inspirant du « Capital au XXIe siècle » de Thomas Piketty qui met en évidence, entre autres, le processus d’accumulation de la richesse et le parallèle entre notre siècle et le 19ème caractérisés par le creusement des inégalités, était la gageure de Hannelore Cayre, auteure du très décalé « La daronne ».
Nous sommes en janvier 1870 à Saint-Germain-en-Laye. La fortunée famille de Rigny met tout en œuvre pour que Auguste n’effectue pas son service militaire. Bien que le jeune homme ait des idées proches de ceux qui déclencheront l’insurrection communarde, il est soulagé lorsque, malheureusement tiré au sort, son beau-frère lui trouve un remplaçant sur une île bretonne. Moyennant finance bien entendu. Pour racheter sa lâcheté, le cadet reconnaît l’enfant de la veuve du soldat mort pendant la guerre de 1870.
Près de 150 ans plus tard, apparaît Blanche de Rigny. Lourdement handicapée après un accident de voiture, elle se déplace à l’aide de béquilles. Elle a une fille, dont elle a oublié l’identité du père tellement elle était ivre, et une meilleure amie Hildegarde, militante extrême de la cause animale atteinte du délétère syndrome de Marfan. Elle travaille dans un service de reprographie judiciaire, un job qui lui permet de bien arrondir ses fins de mois grâce à l’exploitation des contacts téléphoniques des dealers. Profitant d’un arrêt maladie, elle rend visite à son père qu’elle déteste pour son 85ème anniversaire. Direction une île de la mer d’Iroise… La même que celle du pauvre hère qui laissa sa vie sur un champ de bataille.
C’est lors de ce voyage qu’elle apprend par hasard la mort d’une certaine Alice de Rigny, fille d’un homme d’affaires véreux lui-même père d’un certain Pierre-Alexandre, businessman aussi pourri que son géniteur. Tout en remontant son arbre généalogique, la Robin des Bois en jupon va rendre sa justice de façon expéditive.
Même si la lecture de « Richesse oblige » est plutôt agréable et amusante grâce à son écriture enlevée et sa délicieuse immoralité, la recette fonctionne moins bien que dans le précédent roman de Hannelore Cayre. Les nombreuses prises de position contre les industries pollueuses, le capitalisme, les inégalités… sont parfois un peu pesantes. Et tellement dans l’air du temps !
EXTRAIT
Et qu’on ne vienne surtout pas me parler à propos des stups, de santé publique, vu ce qu’on mange et ce qu’on respire tous les jours.
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