Critique – Le Territoire littéraire de la Seine : géocritique d’un fleuve – Sonia Anton – Presses Universitaires de Rouen et du Havre
Ouvrage collectif réalisé par des universitaires, ce livre s’emploie à envisager le fleuve, dans sa portion évoluant entre Paris et la mer, au moyen d’une approche exploitant le lien entre les lieux et la littérature, du Moyen Âge à nos jours.
Cette démarche souligne combien les représentations de la Sequana et de son environnement s’inscrivent dans une époque leur conférant une lecture historique, politique, sociale, sociétale, économique, géographique, poétique, symbolique…
Sans pouvoir tous les citer, certains exemples sont très parlants.
L’expression « la Seine sanglante » fait ainsi référence à la Semaine sanglante qui sonna le glas de la Commune de Paris.
Chez Zola les descriptions de la Seine sont indissociables des travaux de modernisation de la capitale conduits par Haussmann.
Plus près de nous, le roman policier fait du fleuve un élément essentiel du décor de ses intrigues. On pense bien évidemment aux « Nouveaux Mystères de Paris » de Léo Malet.
Alors que chez le créateur du détective privé Nestor Burma le cours d’eau est un terrain neutre, le néo-polar va le transformer en « espace stratégique, à fort enjeu politique, […] qui incarne et concentre la lutte. »
Encore plus proche de nous, avec Jean-Baptiste Del Amo et son « Éducation libertine » l’image de la Seine, « à la fois féminine et masculine », fait écho à la problématique contemporaine de l’identité sexuelle.
On le voit, le fleuve qui traverse la Ville Lumière ne cesse d’être une source d’inspiration et de métaphores pour les écrivains, et d’une manière générale pour les artistes.
Merci à Babelio et aux Presses Universitaires de Rouen et du Havre pour cette lecture enrichissante.
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