Critique – Proust et la société – Jean-Yves Tadié – Gallimard
Dans l’abondante littérature qui lui est consacrée, c’est surtout le monde intérieur de Proust qui a été analysé.
Dans « Proust et la société », c’est sur le monde extérieur de l’auteur que Jean-Yves Tadié s’est penché en consacrant quatre parties aux dimensions sociologiques, géographiques, historiques et psychologiques de l’homme aux connaissances encyclopédiques et de ses écrits.
- Sociologie : présenté souvent comme un mondain snob, Marcel Proust admire le peuple comme une entité dotée d’un « esprit de générosité et de sacrifice », mais aussi les individus qui le composent. Il aime leur manière de s’exprimer, en particulier celle de Françoise, la fidèle servante de « La Recherche » à la fois brave et cruelle.
Sur les centaines de personnages qui parcourent son œuvre maîtresse, les domestiques sont omniprésents : dans les hôtels où le narrateur séjourne et dans les maisons qu’il fréquente. Qu’il soient valets ou chauffeurs, ils symbolisent le rang social des familles qui les emploient.
Contrairement à la plupart des patrons qui logent le personnel dans les étages supérieurs de leurs logements, Proust les héberge dans son appartement. Il les paie généreusement et certains sont devenus ses amis.
- Géographie : Paris et ses quartiers qui reflètent la condition sociale de leurs habitants, la province, Combray et ses deux côtés, celui de Swann et celui de Guermantes, les lieux sont des personnages à part entière.
- Histoire : né le 10 juillet 1871, mort le 18 novembre 1922, Marcel Proust a traversé une bonne partie de la Troisième République marquée, entre autres faits importants qui nourriront « La Recherche », par l’affaire Dreyfus et la Première Guerre mondiale.
Pour lui, selon Jean-Yves Tadié, « il n’y a pas de passé historique, il n’y a que du présent. L’histoire doit rechercher dans le présent les structures qui nous viennent du passé. » Ainsi trouve-t-il dans l’esprit Guermantes « la survivance des manières de l’ancienne Cour. »
- Psychologie : par la grâce de la mémoire involontaire, le narrateur lie le présent et le passé revécu comme présent.
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