Critique – Dans le jardin de la bête – Erik Larson
Il n’était manifestement pas taillé pour le job. Cherchant désespérément le premier ambassadeur de la toute nouvelle Allemagne nazie, Roosevelt et ses acolytes assistent, impuissants, au refus d’un certain nombre de personnalités de tout premier plan. Ils se rabattent alors sur William E. Dodd, professeur d’histoire à Chicago, personnage en apparence fade, sans grand charisme et dépourvu de toutes qualités diplomatiques. Alors qu’il n’aspire qu’à se retirer dans sa ferme de Virginie pour y terminer l’écriture de « Vieux Sud », Dodd accepte la mission confiée et embarque pour Berlin avec femme, fille et fils. Nous sommes en juillet 1933. Hitler est au pouvoir depuis fin janvier.
Foncièrement rationaliste, adepte des valeurs morales véhiculées par son pays natal, Dodd ne peut imaginer la réalité du régime nazi fait de force, de brutalité, de délation, d’intimidation, de haine… Il va cependant rapidement prendre conscience des persécutions exercées sur les Juifs et les opposants politiques et en tenir informés ses supérieurs qui se moquent et se méfient de lui.
Tout le monde aux Etats-Unis, y compris Roosevelt, se fiche de l’antisémitisme forcené des Nazis. Seul compte le règlement, par les Allemands, d’une dette colossale qu’ils doivent aux Américains.
Même lorsqu’il paraît clair que Hitler et ses sbires préparent la guerre, là encore, aucune réaction de la part des puissances occidentales.
A l’inverse de la lucidité dont fait preuve son père, Martha, une séductrice collectionneuse d’hommes, est fascinée par l’énergie vitale qui se dégage des jeunes hommes qui l’entourent.
Pour écrire ce documentaire passionnant qui se lit comme un roman, Erik Larson, journaliste américain, a fourni un travail colossal d’exhumation des écrits de Dodd et de Martha ainsi que de recension de toute la littérature sur le sujet.
« Dans le jardin de la bête », c’est l’Histoire qui se déroule sous nos yeux au travers du regard d’un homme lucide.
Vous devez être connecté(e) pour rédiger un commentaire.
+ There are no comments
Add yours