Critique – Le lac de nulle part – Pete Fromm – Gallmeister
Alors qu’ils ne l’ont pas vu depuis près de deux ans, des jumeaux se font embarquer par leur aventurier de père dans une expédition en canoë au cœur des lacs canadiens.
Familiers depuis leur plus tendre enfance des obsessions pour les grands espaces de leur géniteur, Trig et Al (leurs prénoms sont un clin d’oeil à l’algèbre et à la trigonométrie, matières enseignées par leur paternel ce qui en dit long sur l’état d’esprit de ce dernier !) remarquent rapidement que leur aîné est de plus en plus distrait comme s’il avait improvisé cet ultime périple destiné à renouer les liens distendus avec ses enfants…
En décrivant le comportement erratique de celui qui a toujours considéré les voyages extrêmes comme un art de vivre et comme une manière de fuir un quotidien bien terne, Pete Fromm installe une tension dans ce récit survivaliste.
Face à la solitude, à l’effondrement de l’homme qui les a élevés et à un environnement peu amical, les jumeaux facétieux se rapprochent en renouant les fils de leur jeunesse perdue.
Pendant que Trig, le narrateur, et sa sœur luttent contre la folie, Dory, mère courage et pièce manquante de ce huis clos en pleine nature, part à la recherche de ses petits, une quête désespérée qui a tout d’une tragédie.
Trop bavard, trop long, abusant de mots récurrents (j’ai abandonné le décompte des mots « vortex » et « portage ») laissant une impression de déjà-lu (cf. David Vann et Jean Hegland), « Le lac de nulle part » vaut surtout pour la mise en scène de cette trinité hantée par les rancoeurs, les non-dits et les secrets ainsi que pour la façon dont l’auteur traite les effets de la démence sur un homme confronté à un passé qui s’échappe.
EXTRAIT
– Nous voulons désespérément retourner dans l’utérus.
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