Jack Griffin, la soixantaine, se rend au cap Cod. Il doit y retrouver son épouse pour assister au mariage de Kelsey, la meilleure amie de sa fille unique Laura. Ces retrouvailles avec les lieux où il passait ses vacances lorsqu’il était enfant font resurgir les souvenirs et le poussent à faire un bilan de sa vie.

Toute sa vie, il a souffert de la présence pesante de ses parents, des universitaires aigris, snobs, méprisants, prisonniers de leur « Midwest de merde » parce qu’ils ne peuvent pas se payer la maison qu’ils estiment digne de leur soi-disant supériorité intellectuelle, eux qui ne sont jamais parvenus à enseigner dans les établissements prestigieux dont ils ont rêvé. Ce n’est qu’au cap Cod que ce couple amer semble trouver une certaine quiétude. Mais cette relative sérénité n’empêche par la mère de Jack de harceler et de rabaisser son fils (« La mère de Griffin était en très grande forme. Si on relevait une de ses vacheries, elle rebondissait sur une autre. Vouloir lui rabattre son caquet revenait à tenter d’enfermer un chat dans un sac : il restait toujours une patte dehors et on n’en sort jamais indemne »). Toute sa vie, elle s’emploiera à dénigrer sa profession, sa femme, sa belle-famille, son mariage. Justement, ce dernier part à vau-l’eau. Et ce n’est pas le mariage de Kelsey qui va arranger les choses.

Après la passion viennent les compromis puis les critiques qui rendent la vie à deux infernale. Joy, l’épouse de Jack, reproche à son mari de ressembler de plus en plus à ses parents. Il est vrai que Jack devient obsédé par ses géniteurs. Un an après la mort de son père, il hésite à répandre ses cendres qu’il trimbale dans le coffre de sa voiture. Même après le décès de sa mère, celle-ci continue à le hanter. Elle lui parle, répond à ses interrogations. Toujours avec cette méchanceté qui la caractérise.

Avec mélancolie et une bonne dose d’humour, « Les sortilèges du cap Cod » fait le constat du couple et de la transmission familiale.