Critique – No home – Yaa Gyasi – Calmann-Lévy

Critique – No home – Yaa Gyasi – Calmann-Lévy


Par la voix de quatorze personnages, Yaa Gyasi a réussi la gageure d’éclairer tous les aspects de l’histoire des Noirs, ceux qui sont restés au pays et ceux qui ont embarqué comme esclaves pour les États-Unis.

Milieu du 18ème siècle. Les Anglais sont installés au Ghana pour y pratiquer le trafic d’êtres humains. Ils sont aidés dans leur funeste dessein par les tribus locales : les Ashantis qui capturent les hommes et les femmes et les Fantis qui en font le commerce. Ce constat met à mal la croyance que seuls les Blancs auraient pratiqué la traite. Comme l’a souligné l’historien Olivier Grenouilleau, les « locaux » ont profité eux aussi de ce « business » lucratif.

Effia et Esi sont demi-sœurs mais elles l’ignorent. Alors que Effia est mariée contre son gré à un Anglais, Esi traverse l’océan.

Sur plus de deux siècles et huit générations, le lecteur assiste, côté africain, à la prise en mains de leur destin par les colonisés et, côté américain, à l’accession à la liberté qui n’empêche pas les anciens esclaves et leurs descendants d’être considérés comme des citoyens de seconde zone victimes du racisme dont l’intensité varie en fonction des nuances de la couleur de la peau. Plus elle est foncée, plus le rejet est grand.

En 400 pages qui ne manquent pas de puissance romanesque et de personnages émouvants, Yaa Ghyasi retrace le drame de la condition des Noirs, des familles séparées et de ces Afro-Américains qui ne se sentent pas à leur place dans un pays qui n’est pas le leur.

+ There are no comments

Add yours