Critique – Petite soeur, mon amour – Joyce Carol Oates

Critique – Petite soeur, mon amour – Joyce Carol Oates


S’inspirant d’un fait divers jamais élucidé (l’assassinat de la petite JonBenét Ramsey, reine de beauté âgée de 6 ans), Joyce Carol nous propose un plaidoyer implacable contre une certaine Amérique : celle des WASP, des bien-pensants, des apparences, de l’hypocrisie et du culte de l’argent.

La jeune Edna Louise, une enfant introvertie et de plus en plus névrosée au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire, ne semble s’épanouir que sur la glace de la patinoire où elle révèle des dons extraordinaires. Sa mère, l’impitoyable Betsey, rebaptise sa fille Bliss, un prénom qui sonne mieux pour cette starlette en devenir. Patineuse ratée et « Desperate housewives », elle revit, grâce à sa fille, une carrière qu’elle aurait rêvée d’avoir, la poussant jusqu’à des limites physiques difficilement supportables.

Bix, le père, est un coureur de jupons invétéré, misogyne (« Si ton QI rattrapait ta taille de soutien-gorge, tu serais l’Einstein de Ravens Crest Drive » p. 199), jamais chez lui, symbole d’une Amérique prônant la sélection naturelle (« Tu n’es qu’en CP, bien sûr, mais comme je le disais « la loi du plus fort », « la survie des meilleurs », ça commence de bonne heure » dit-il à son fils à la page 95).

Quant à Skyler qui raconte l’histoire de cette famille dix ans après les tragiques événements, il est aussi très perturbé.

Ce roman à la construction et au style remarquables est à la fois glaçant, terrible et effrayant « Ils vécurent tous horriblement et eurent beaucoup de tourments » p. 369). Joyce Carol Oates est confirme qu’elle est l’un des meilleurs écrivains américains.

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