
Critique – Bristol – Jean Echenoz – Minuit
Le titre du dernier roman de Jean Echenoz n’a rien à voir avec le papier rigide dont on fait les cartes de visite. Il est le patronyme de son « héros », Robert de son prénom.
Accaparé par la réalisation de son prochain film, celui-ci sort de son appartement de la rue des Eaux, bien connue pour avoir figuré dans des livres et des films, du très chic 16e arrondissement sans voir le corps sans vie d’un homme nu qui n’est autre que son voisin qui occupe l’appartement au-dessus du sien.
Pourquoi Bristol la scoumoune est-il préoccupé ? Parce qu’il manque d’argent pour financer le tournage dans un coin paumé d’Afrique australe et qu’il hésite sur le choix de sa comédienne principale.
Et c’est parti pour deux cents pages farfelues et absurdes dans lesquelles on reconnaît d’emblée la « patte Echenoz » qui se plaît à interpeller le lecteur.
On y croise une mouche trop curieuse ; une ex-actrice porno sur le retour toujours fringante ; une collectionneuse effrénée de jobs et d’amants ; une autrice de « trois cents best-sellers » dont Bristol adapte l’un d’entre eux, une bluette du style Harlequin sur le continent noir ; un flic chargé de l’enquête sur le mort défenestré ; une peut-être future jeune première ; un éléphant comédien et amateur de vin de palme qu’aurait bien adopté Gerald Durrell ; un commandant africain passionné du cinéma allemand des années 1970…
Rebondissements et ratages en série rythment ce récit endiablé où on s’amuse beaucoup, tout en savourant le style unique d’Echenoz et, mine de rien, son immense culture.
On en redemande !
EXTRAIT
– Car ainsi va le cinématographe où le moins doit faire imaginer le plus. C’est le règne de la partie pour le tout, l’empire de la synecdoque où rien n’arrive à l’extérieur du cadre.
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