Critique – Céleste. Bien sûr Monsieur Proust – Chloé Cruchaudet – Noctambule
Merci à Babelio et à la maison d’édition Noctambule de m’avoir offert cette bande dessinée.
Ceux qui s’intéressent non seulement à l’œuvre de Marcel Proust, mais aussi à sa vie ne peuvent ignorer l’existence de Céleste Albaret.
C’est par l’intermédiaire de son mari Odilon, chauffeur de l’écrivain, que Céleste entre au service de celui-ci. Elle ne le quittera qu’à sa mort, en novembre 1922.
De bonne à tout faire, elle devient sa confidente, le témoin des affres de l’écriture, de la maladie respiratoire qui le dévore, de son appétit de moineau et, parfois, la victime de ses lubies de dandy.
Elle est indispensable au grand Marcel qui vante sa simplicité et son solide bon sens hérité d’une jeunesse passée dans le fin fond de la campagne lozérienne. Elle est sa « fidèle amie », « son amie de toujours », comme il l’écrit joliment dans une dédicace dans laquelle il confesse ses humeurs capricieuses.
Avec ce premier opus, qui sera suivi d’un second, l’autrice nous conte l’histoire d’une amitié improbable entre un intellectuel tourmenté et une jeune femme ordinaire qui décrit son employeur comme « un bel oiseau de nuit ».
Nulle familiarité entre ces deux-là, hiérarchies sociales obligent, mais un profond respect et une forme d’admiration réciproque.
Via le regard de Céleste, c’est aussi tout un monde qui revit, celui d’une aristocratie finissante, dont l’auteur de « La Recherche » se fit le cruel et pénétrant portraitiste avec le génie qu’on connaît.
Par la grâce d’un dessin léger, tout en mouvement, servi par des couleurs délicates, Chloé Cruchaudet n’hésite pas à casser les cases pour de belles envolées oniriques plongeant dans l’imagination du résident de Combourg.
En vivant à ses côtés pendant près de dix ans, Céleste n’est-elle pas l’une des seules à avoir compris l’homme complexe et attachant que fut Marcel Proust ? On s’amuse à le penser.
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