Critique – C’est fort la France ! – Paule Constant
Dans « Ouregano », son premier roman, Paule Constant avait narré son enfance africaine et réglé dans la foulée son compte à la colonisation provoquant l’ire d’une certaine Madame Dubois, femme de l’Administrateur chargé de faire régner l’ordre sur Batari, un petit territoire perdu situé à plus de quatre cents kilomètres de la capitale yaoundaise.
Madame Dubois, originaire d’Yvetot en Normandie, a tout quitté pour suivre son mari qu’elle aime.
Elle adopte alors le mode de vie parfait des coloniaux enchaînant réceptions où le bel art de vivre à la française s’exprime sous la forme de services de table impeccables. En revanche, côté nourriture, l’intendance ne suit pas… Mais, faute de bœuf, on s’accommode du buffle !
Sûre de la supériorité de la civilisation occidentale, Madame Dubois ne comprend rien à l’Afrique mais on ne peut dire qu’elle soit une raciste forcenée. Au contraire, elle fait de son boy Djébé son plus proche confident.
Autour de cette femme évoluent des personnages hauts en couleurs mais c’est ce personnage, sorte d’Emma Bovary qui soigne les animaux en s’apitoyant sur leurs souffrances, qui est le fil conducteur de ce roman tragi-comique sur une Afrique passée (« le hors-norme de l’Afrique ne peut s’appréhender qu’à travers l’humour » confie la narratrice).
« C’est fort la France ! est aussi un livre sur la déformation de la mémoire (la narratrice n’a pas les mêmes souvenirs que son personnage) et sur la manière dont la fiction s’empare de la réalité.
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