Critique – Chéri-Chéri – Philippe Djian

Critique – Chéri-Chéri – Philippe Djian


Le jour, il s’appelle Denis. Il est critique de livres et écrivain. Un écrivain talentueux mais aux tirages confidentiels. La nuit, il s’appelle Denise et se travestit pour arrondir ses fins de mois dans un cabaret style « Michou ». Bien que ses collègues le soit, il n’est pas homosexuel. Il ressemble un peu au héros de « Guillaume et les garçons, à table ! ». Il aime se déguise en femme mais il est mariée à Hannah, une femme-enfant trompeusement naïve ou pas.

Depuis que ses beaux-parents ont emménagé au-dessous de l’appartement qu’ils occupent dans une résidence chic et ultra-sécurisée, rien ne va plus. Paul, le beau-papa, ne supporte plus de croiser son gendre vêtu de robes et ne cesse de lui réclamer des loyers impayés. Il va même jusqu’à lui demander de seconder Robert, son homme à tout faire, pour récupérer l’argent auprès de débiteurs embringués dans des opérations loin d’être honnêtes…

Veronica, alias belle-maman, régulièrement cognée par son mari, en pince pour le beau Denis. Bref, l’ambiance, très sombre, est plutôt haineuse et malsaine dans cette famille ambiguë.

Dans un style faussement simple qui est un peu sa marque de fabrique, Philippe Djian va une nouvelle fois faire déraper ses personnages et s’affronter des univers que, à priori, tout oppose. Entre la littérature et la mafia, le lien serait peut-être ténu.

EXTRAITS

  • « Tout écrivain devrait pouvoir fouiller dans les beautés cachées et les horreurs cachées des âmes s’il veut être utile à quelques chose. » (p. 95).
  • « Paul s’est fait livrer une Lexus. Je l’entends démarrer en trombe, dans un vrombissement. Jouer aux cartes, vider quelques verres, monter avec une fille, puis faire deux ou trois fois le tour du périphérique pour le plaisir de la conduite, qui dira que ces types ne sont pas proches de l’état sauvage. » (p. 140).
  • « C’est ton rôle de me donner un héritier, n’oublie pas ça. Je ne réponds rien mais je tuerai cet enfant dans son berceau plutôt que de perpétuer la race de Paul. » (p. 150).

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