Critique – Échapper – Lionel Duroy

Critique – Échapper – Lionel Duroy


Alors qu’il vient de rompre avec Esther (cf. le laborieux « Vertiges », 2013), Augustin retourne à Husum là où il s’était déjà rendu avec sa compagne, là où il espère bien écrire une suite à « La leçon d’allemand », le magnifique roman de Siegfried Lenz qui s’inspira de la vie du peintre expressionniste Emil Nolde.

J’aime beaucoup quand Lionel Duroy décrit la manière dont il est habité par cette histoire et cette quête obstinée et vertigineuse des décors du livre, moins lorsqu’il parle de lui. Ce qu’il ne peut s’empêcher de faire en bon égocentrique qu’il est.

Si « Échapper » est un hymne à l’amour, c’est surtout un éloge de la littérature qui réinvente si bien le réel. Et la présence de la nature avec le déchaînement du vent et de la mer donne envie de visiter ce petit coin bordé par la mer du Nord et de relire le chef d’œuvre de Lenz.

EXTRAITS

  • « J’ai tellement aimé ce livre (…) que j’aimerais habiter dedans, y entrer et ne plus en sortir. » (p. 28).
  • « Comme c’est extraordinaire, cet acharnement des gens d’Husum à ferrailler avec la mer. » (p. 67).
  • « Les gens censés nous aimer sont souvent ceux qui tentent de nous empêcher de vivre… » (p. 150).
  • « Vous savez donner de la puissance, de l’esprit à ce que nous autres nous observons stupidement : que ce soit le ciel, le vent, l’aube ou le crépuscule, ou encore la mer et les fleurs qui vous sont si chères (…) comme si votre peinture nous rapprochait de Dieu, éclairant les secrets de sa création. » (p. 179).
  • « Non, je ne suis pas un assassin, Suzanne. Je me suis servi de mes livres pour dire des choses qui m’auraient tué si je les avais gardées secrètes. Elles ont pu tuer en retour, c’est entendu, mais je devais vivre, je devais me défendre. Nous sommes là pour vivre, c’est la seule chose à laquelle nous ne devons pas échapper. Et pour vivre, nous avons tous les droits. » (p. 211).

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