Critique – Empire des chimères – Antoine Chainas – Gallimard – Série noire

Critique – Empire des chimères – Antoine Chainas – Gallimard – Série noire


Nous sommes en 1983, l’année où Mitterrand prit le tournant de la rigueur, à Lensil, une petite bourgade française déjà oubliée par ceux qui gouvernent à Paris.

Pour combler l’ennui, des adolescents s’adonnent à un jeu de rôles intitulé « Empire des chimères » qui place les personnages de Lawney, le célèbre magnat américain de l’industrie cinématographique pour la jeunesse, dans une ville idéale. Une petite fille disparaît. Une institutrice à la retraite aussi. Des moisissures envahissent les maisons du village…

De l’autre côté de l’océan atlantique, les héritiers de Lawney envisage d’implanter un immense parc de loisirs en France. De quoi attiser les appétits des requins.

Ce résumé peut sembler bien mince. En fait, il est quasiment impossible de « pitcher » « Empire des chimères » tant l’intrigue est foisonnante et complexe effaçant les frontières entre la réalité et le virtuel, entre l’humanité et la bestialité.

Expliquant avec humour qu’il a concocté un « rural noir quantique

vintage », Antoine Chainas a aussi composé une fresque qui règle son compte au capitalisme le plus sauvage et le plus cynique, celui qui propose comme le fait Lawney dans son livre « Le cœur de nos villes » un aménagement du territoire autour de centres identiques valorisant l’uniformisation culturelle et dont l’unique objectif est la consommation.

Même si on ne comprend pas tout, il faut accepter de se laisser plonger dans l’univers irrationnel de l’auteur de « Pur » qui a une sacrée belle plume et une vision originale et exigeante de son métier d’écrivain. Loin de certains de ses contemporains qui pondent des thrillers tous plus ou moins semblables.

EXTRAITS

  • Les souvenirs sont une servitude.
  • Promettre, c’est mentir.

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