Critique – Jour de ressac – Maylis de Kerangal – Verticales

Critique – Jour de ressac – Maylis de Kerangal – Verticales


Un jour de novembre, après la pandémie et le passage à l’heure d’hiver, la narratrice est convoquée par le commissariat de police du Havre. Un cadavre a été retrouvé non loin de la digue Nord. Aucun élément permettant de l’identifier n’est découvert. Dans une poche, un ticket de cinéma avec, au verso, le numéro de téléphone de la presque quinquagénaire.

Comme Ulysse de retour à Ithaque, celle-ci revient dans la ville où elle a vécu son enfance et son adolescence et où elle n’a pas mis les pieds depuis plus de vingt ans.

Ce voyage a un double effet. Sa propre mémoire télescope celle de la cité portuaire qui fut bombardée en septembre 1944 et dont l’anéantissement résonne avec l’actualité.

Alors qu’elle évoque son premier amour qui se confond étrangement avec le mort anonyme et que des bribes de sa vie d’avant affleurent, elle imagine sous les immeubles reconstruits sous la houlette d’Auguste Perret les traces de ces journées terribles.

Alors que l’enquête de la police s’enlise, son périple se transforme en une quête existentielle hantée par le passé réapparaissant sous la forme de flashes.

Avec « Jour de ressac », Maylis de Kerangal a composé le récit intimiste d’une femme qui dialogue avec une ville qui n’est décidément pas comme les autres.

L’écriture, ample comme les vagues qui s’abattent sur la plage de galets, exprime puissamment les sensations éprouvées par la narratrice et l’atmosphère digne d’un film de David Lynch qui se dégage du béton gris et de la lumière changeante.

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